Cet article a été écrit à l’intention de Development Initiatives par Petya Kangalova, analyste principale d’activités et de données, et Conrad Zellman, responsable de l’utilisation des données à Development Initiatives.
L’utilisation de données de l’Initiative internationale pour la transparence de l’aide (IITA) au sein des systèmes nationaux est l’un des critères les plus importants lorsqu’il s’agit de valoriser les quantités significatives de données désormais disponibles pour la prise de décisions.
Plus de 700 organisations publient aujourd’hui des informations détaillées concernant leurs contributions au développement durable, notamment les activités humanitaires et de développement, conformément à la norme de l’IITA. L’intégration et l’utilisation des données de l’IITA dans les systèmes de gestion de l’information sur l’aide (SGIA) et les processus nationaux constituent par conséquent une possibilité non négligeable et une priorité majeure, comme le reflètent la Stratégie d’utilisation des données de l’IITA et les recherches de Development Initiatives.
Dans ce contexte, Development Initiatives était ravi de collaborer avec Development Gateway pour piloter un travail visant à soutenir les capacités techniques et pratiques nécessaires à l’utilisation des données de l’IITA au sein des systèmes nationaux du Sénégal et de Madagascar.
Cette mission, qui a bénéficié de l’appui généreux de l’UNICEF et qui mettait l’accent sur l’importation de leurs données au cours de la phase pilote, impliquait le placement, la formation et l’accompagnement d’assistants à la gestion de l’aide (Aid Management Fellows) au sein des unités d’aide étrangère des deux gouvernements. Development Gateway, qui dispose d’une longue expérience dans les systèmes nationaux de gestion de l’aide, a mené l’ensemble du travail, tandis que Development Initiatives a mis à contribution son expertise technique à l’égard de l’IITA.
Lisez le rapport intégral concernant l’expérience acquise et les enseignements tirés.
Un rapport de synthèse a également été élaboré, lequel comprend une série de questions (et leurs réponses) que peuvent se poser les partenaires de développement et les gouvernements partenaires lorsqu’ils envisagent d’utiliser les données de l’IITA au sein des SGIA locaux.
Deux rapports de pays, l’un relatif à Madagascar et l’autre au Sénégal, portant sur le renforcement des capacités d’utilisation des données de l’IITA au sein des SGIA ont également été produits. Veuillez consulter le blog et les réflexions de Development Gateway pour comprendre comment nous avons avancé vers la concrétisation de l’approche de l’IITA « Une seule publication, de multiples utilisations ».
Comme le précise le rapport intégral, la mission pilote a fourni d’importants résultats et apprentissages. Par exemple, l’utilisation des données de l’IITA au sein de la Plateforme de gestion de l’aide du Sénégal a conduit à l’ajout de données portant sur plus de 200 millions de dollars US d’engagements de donateurs et presque le même montant de dépenses que les données dont disposait préalablement le gouvernement.
À Madagascar, le fichier de données au format de l’IITA contenait nettement plus de données sur les projets que la Plateforme de gestion de l’aide du pays. Bien que, naturellement, il ait fallu surmonter un certain nombre de difficultés techniques lors de l’importation de données à Madagascar et au Sénégal, les deux pays ont commencé à prendre des mesures importantes pour aider les organisations donatrices à procéder à une publication de données conformes à l’IITA.
En tant que membre du Secrétariat de l’IITA, Development Initiatives dirige la gestion et la mise en œuvre technique de la norme de l’IITA. Lors des phases pilotes, Development Initiatives et Development Gateway ont élaboré un guide de formation IITA-PGA (disponible en anglais et en français) qui a servi à former les deux membres de l’IITA à la manière de comprendre, réviser et préparer les données IITA en vue de leur utilisation par le gouvernement.
Comment s’est déroulée la formation ?
De nombreux apprentissages et réflexions ont été tirés de la phase de formation, que nous pouvons mentionner ici, mais nous avons décidé d’en présenter deux en particulier :
- Langue : Vous pouvez immédiatement penser qu’il existe une barrière linguistique, du fait des différentes langues parlées par les formateurs (anglais) et les assistants à la gestion de l’aide (français) ainsi que de la plupart des directives figurant sur le site de l’IITA, en anglais. Bien qu’il s’agisse en effet d’un défi pour certains utilisateurs de l’IITA, cela n’a pas posé de problème dans le cadre de cette formation en particulier, étant donné que les membres avaient des notions d’anglais et travaillaient très bien ensemble. Néanmoins, parler le même « langage IITA » s’est révélé problématique. La signification des transactions, comme les « dépenses » les « engagements », peut être interprétée de nombreuses façons différentes par les utilisateurs de données (p. ex., le siège de l’UNICEF, le bureau de pays de l’UNICEF et le personnel gouvernemental). Avant d’utiliser et d’interpréter les données, il était très important d’harmoniser les définitions de façon à garantir une compréhension commune et de pouvoir parler le même « langage IITA ». Nous devons formuler un discours bien plus simple, qui puisse être compris par l’ensemble des partenaires, et ce, dans toutes les langues ; cette phase pilote a permis de réaliser la première étape de cette élaboration de définitions.
- Importance du partenariat, des boucles de rétroaction et du maintien des connaissances au sujet de l’IITA : Il n’est pas aisé d’être formé à l’IITA en une semaine. Ce projet a requis le déploiement d’efforts conjoints de la part de nombreux partenaires afin d’y parvenir, à savoir : Development Gateway, Development Initiatives, les deux assistants à la gestion de l’aide, le personnel du bureau de pays et du siège de l’UNICEF et les fonctionnaires des administrations locales du Sénégal et de Madagascar. Une formation en présentiel organisée avec les assistants à Dakar s’est révélée bénéfique, tout comme leur engagement et leur soif d’apprendre. Les partenariats étaient déjà établis, aussi aucun problème de confiance n’a-t-il été relevé. Reconnaissant les efforts considérables déployés dans le cadre de ce projet, chacun a travaillé avec acharnement pour en assurer la réussite. Ainsi, comment s’assurer du maintien des connaissances au sujet de l’IITA au Sénégal et à Madagascar, et de leur déploiement dans d’autres pays ? Ce projet a montré les actions à réaliser pour garantir un meilleur mécanisme de rétroaction entre les signataires (le siège et les bureaux de pays de l’UNICEF) et les utilisateurs de l’IITA (les gouvernements) ; pour veiller à une structure d’appui localisé ; et pour assurer un partage à grande échelle des connaissances et leur préservation au sein de chaque organisation. Le fait de former des personnes localement, lesquelles seraient ensuite en mesure de partager et de diffuser plus largement les connaissances (à l’instar des membres) est nécessaire pour maintenir les connaissances au sujet de l’IITA et améliorer l’utilisation des données de l’IITA au sein du gouvernement.
Dans l’ensemble, le projet a démontré une approche pratique de renforcement de l’utilisation des données de l’IITA dans les SGIA nationaux. L’expérience s’accroît avec des projets à la fois comparables et différents menés dans d’autres contextes, par exemple, au Myanmar et au Bangladesh.
À l’avenir, nous souhaiterions continuer d’apprendre de ces expériences et collaborer avec des partenaires nationaux et internationaux en vue de rendre compte de l’importance des données de l’IITA dans les prises de décisions en matière de développement.